C'est le meilleur nouvel album de variété réalisé en Nouvelle-Zélande en 2004, mais il n'a jamais bousculé les hit-parades, ni décroché de titre de récompense. Le merveilleux album "All moments leading to this " (que l'on pourrait traduire par "Tous les moments nous y conduisent ") concocté par Lucid 3 , est un bouquet sublime de chansons expressives, légèrement empreintes de tristesse, qui éclipsent facilement le tube "Riverhead" de Goldenhorse, en qualité, consistance, profondeur et ampleur dans la composition des chansons. La voix d'or qui mène ce trio est celle de Victoria Girling-Butcher, espiègle, inattendue, qui s'avère être un sujet trompeusement pointu à interviewer.

Face à la survie aléatoire de son groupe dans un contexte musical aussi minuscule, elle a trouvé un compromis : sans attendre un gros contrat qui risque de ne pas venir, elle s'est forgée une deuxième carrière dans le journalisme. "Je veux vraiment faire de la musique mais nous n'avons pas assez gagné d'argent. Je ne vais pas en faire un fromage. C'est lassant quand vous ne pouvez pas gagner d'argent avec ce que vous faites de tout votre coeur. Mais je trouve le journalisme stimulant, et j'aime vraiment le reportage. J'aime particulièrement les nouvelles de quartier … les petits faits divers." Pourquoi Lucid 3 n'est-il pas plus connu ? " C'est un mystère, mais il y a un truc avec Lucid 3 qui rend ce groupe pas tout à fait commercial . Nous nous sommes faits tout seuls et je ne crois pas que les commerciaux ont foi en nous. Il est certain que Lucid 3 est à cheval entre le bon vieux rock et un genre hybride: nous exprimons trop d'émotions pour l'équipe cynique de bFM (NDLR : la radio d'Auckland), et nous sommes un peu trop inattendus et originaux pour l'industrie commerciale du disque. Peut-être que des chansons qui couvrent tout à la fois espoir, attente, amertume, colère, sexualité affirmée et existentialisme est de trop pour le D.J. moyen.